Les bienfaits inattendus du slow travel pour l’esprit et la planète

Les bienfaits inattendus du slow travel pour l'esprit et la planète

Et si voyager plus lentement était en réalité une manière d’aller plus loin ?

Courir après les vols low cost, empiler les escales dignes d’un bingo aéroportuaire, enchaîner les selfies à des kilomètres de chez soi pour gratter quelques likes… Ça vous parle ? Et si on arrêtait un instant de traiter nos voyages comme des checklists à valider ? Le slow travel, ou voyage lent, n’est pas juste un caprice de bobo en sandales éthiques. C’est une véritable invitation à repenser le mouvement, à écouter le monde — et son propre esprit — d’une oreille plus attentive. Spoiler : c’est aussi carrément plus écolo.

Le slow travel, késako ?

Ce n’est pas une mode, c’est un état d’esprit. Le slow travel, c’est choisir de voyager moins, mais mieux. De troquer la frénésie touristique contre une immersion consciente. Pas besoin de partir six mois dans les montagnes de l’Himalaya pour s’y mettre : le principe, c’est de privilégier la qualité à la quantité.

Plutôt que de visiter cinq villes en quatre jours, on s’installe dans une seule. On flâne, on observe, on parle (même dans un franglais approximatif avec une grand-mère sicilienne). L’idée, c’est de ralentir le tempo, pour mieux absorber l’essence du lieu. Comme une playlist en version acoustique — la version épurée du voyage.

Un shot de sérénité pour le mental

Avion, train, valise à 5h du mat’… On ne va pas se mentir : le tourisme express, c’est souvent l’assurance d’un retour encore plus fatigué qu’un lundi matin sous pluie battante. Le slow travel inverse cette logique destructive. En allégeant les trajets et les programmes, c’est l’esprit qui respire.

Pourquoi ? Parce que ralentir permet de sortir du mode multitâche permanent : celui où le cerveau papillonne sans cesse entre GPS, horaires de visites et traque du WiFi. Le slow travel invite au moment présent. À laisser l’inattendu entrer dans le planning, à dire « oui » à ce café proposé par un inconnu. Ce genre de micro-expériences imprévues nourrit plus que vingt musées à la suite.

Vous êtes du genre à compulser les to-do lists de voyage sur Pinterest ? Essayez une fois d’atterrir sans plan. Rester trois heures à observer les passants depuis une terrasse. Vous verrez, il y a un goût de liberté là-dedans qu’aucun tour opérateur ne pourra vous vendre.

Moins de CO₂, plus de bon sens

Ces dernières années, on ne peut plus ignorer la question environnementale quand on parle de voyages. L’avion ? Un jackpot carbone. La croisière-climatisée-buffet-à-volonté ? Une catastrophe flottante. Voyager lentement, c’est réduire drastiquement son empreinte.

En privilégiant des trajets plus courts ou en optant pour des moyens de transport plus doux (train, vélo, bateau…), on diminue considérablement son impact. Voyager moins souvent mais plus longtemps, c’est également amortir le coût écologique du déplacement initial.

Et puis soyons honnêtes : on trouve aujourd’hui des trésors à quelques heures de train. Entre les campagnes françaises, les villages espagnols ou les côtes italiennes, les possibilités de slow travel sont légion. Inutile d’aller chercher l’exotisme à 12 000 km quand les merveilles vous tendent les bras au coin de l’Europe.

Vivre, ne plus consommer

Le tourisme de masse transforme les lieux. Parfois jusqu’à les détruire. Venise, Dubrovnik ou Barcelone vous regardent avec lassitude depuis leur fenêtre bondée. Le slow travel, à l’inverse, s’ancre dans une logique de respect et de cohabitation douce avec les habitants.

En restant plus longtemps sur place et en fréquentant des hébergements, marchés ou artisans locaux, le voyageur devient acteur de l’économie de quartier. On cesse de consommer la ville comme une attraction. On la vit. On l’écoute. Souvent, elle nous le rend bien.

Une amie m’a récemment raconté comment elle a passé cinq jours dans un petit village du sud de la Grèce, à discuter chaque matin avec une marchande de savon, les pieds dans la poussière et les mains pleines d’olives. Rien de spectaculaire. Un souvenir inoubliable.

Oser l’ennui (et ça fait du bien)

Le slow travel, c’est aussi réapprendre à s’ennuyer sans honte. À ne rien faire de productif. À marcher sans but. Dans une société où l’hyperstimulation est devenue normale, s’accorder une parenthèse vide est tout sauf anodin. Il y a quelque chose de profondément sain à s’extraire du rythme haché de nos vies digitales.

Regarder les nuages, sentir l’air changer de texture selon l’heure, observer une porte s’ouvrir lentement, s’imaginer des histoires… Ce sont ces moments-là, souvent invisibles sur Insta, qui forgent le souvenir émotionnel du voyage. Loin des clichés, près de soi.

Quelques pistes concrètes pour se lancer

Pas besoin d’être un moine zen pour tester le slow travel. Voici quelques pistes concrètes pour enclencher la première (au lieu de rester en sixième) :

  • Choisissez un lieu accessible sans avion : la France regorge de villes ultra-inspirantes et pas chères en train (Nîmes, Albi, Nancy, Rennes… la liste est infinie).
  • Allongez votre séjour : mieux vaut partir dix jours dans une petite ville que trois jours dans trois capitales.
  • Louez un appartement ou vivez en colocation locale : oubliez l’hôtel impersonnel et initiez-vous au quotidien du coin.
  • Planifiez très peu : une activité par jour suffit. Le reste viendra naturellement.
  • Parlez aux gens : commerçants, voisins, serveurs… Les vraies découvertes passent souvent par eux.
  • Tenez un journal de bord : pas pour faire de la poésie, mais pour poser vos réflexions, vos ressentis. C’est souvent là que se loge la magie.

Et si demain, on voyageait autrement ?

Voyager plus lentement, c’est reconsidérer notre rapport au monde. Ce n’est pas se priver d’aventure, c’est changer de focale. Moins d’excitation immédiate, plus de profondeur. Moins d’images parfaites, plus de souvenirs durables. Moins de vitesse, plus de vitalité.

Le slow travel n’est pas réservé aux grands philosophes baroudeurs ou aux urbains déconnectés dans leurs van aménagés. Il est à la portée de l’étudiant curieux, du retraité rêveur ou du cadre saturé en quête de mieux. Il commence par une décision simple : lever le pied. Et ouvrir les yeux.

Alors, pour les prochaines vacances, plutôt que de vous envoler à l’autre bout du monde pour cocher des cases… Pourquoi ne pas simplement partir à la rencontre d’un lieu, d’un rythme, d’un silence ? Après tout, parfois, le plus grand voyage commence quand on accepte de s’arrêter.